Chronique d’un saccage annoncé
L’heure est grave! Le gouverneur de la Sicile, Rosario Crocetta, s’apprête à approuver une série d’importants forages pétroliers en terre et en mer. De grâce! Ne laissez pas commettre une telle abomination, signez la pétition et faites circuler l’info!

Ce n’est malheureusement pas la première fois que je vous en parle sur ce blog. Déjà en 2007, un projet de forage dans le Val di Noto, pourtant classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, avait été rejeté in extremis, grâce notamment à un vaste mouvement de protestation initié par l’écrivain Andrea Camilleri, père du commissaire Montalbano, et relayé par la presse internationale.
Cette fois, la situation est beaucoup plus préoccupante puisque le gouvernement italien, avec l’aval des autorités siciliennes, est sur le point d’accorder de nouvelles autorisations de prospection et d’exploitation de gisements d’hydrocarbures en Sicile : pas moins de 46 en mer et 33 en terre, comme l’illustre la carte ci-dessus publiée dans l’édition palermitaine du quotidien la Repubblica.
Cette décision incompréhensible n’est pas seulement une aberration à l’heure du réchauffement climatique et de l’état catastrophique dans lequel se trouve notre planète, alors que tout le monde (même la Chine!) reconnaît qu’il devient urgent d’adopter un modèle de production énergétique plus respectueux de l’environnement et de privilégier les énergies renouvelables. Une telle décision est aussi totalement contreproductive car ces forages, outre leur impact écologique, constituent une grave menace pour l’avenir du tourisme dans l’île, sa principale ressource économique, « le véritable or noir de la Sicile » comme le rappelle Domenico Fontana, président de l’association de défense de l’environnement Legambiente Sicilia. Effectivement, si le gouverneur et sa clique s’imaginent que les touristes vont continuer d’affluer pour se prélasser sur des plages souillées d’hydrocarbures, s’empoisonner en respirant un air vicié et surtout pleurer de désolation et de rage devant des paysages défigurés par d’immondes foreuses et plateformes pétrolières, c’est qu’ils n’ont, décidément, rien compris au b.a.-ba tourisme. A moins qu’ils ne s’en moquent éperdument et préfèrent favoriser les intérêts des grandes compagnies pétrolières, au détriment de la santé de leurs concitoyens et de la sécurité écologique de leur territoire ?

En attendant, l’opposition aux forages pétroliers, baptisée « No triv », se mobilise. Le député sicilien Fabrizio Ferrandelli, se positionne contre son propre parti et lance une pétition en ligne, tandis que le maire de Palerme, Leoluca Orlando, qui voit dans ce projet « un acte de vandalisme absurde qui compromet le développement durable de notre île », organise une opération de protestation le 19 décembre prochain devant le Palazzo d’Orléans, siège de la présidence de la Région, en compagnie d’autres maires siciliens et de l’association Legambiente. De leur côté, les députés du Movimento 5 Stelle menacent de saisir les autorités de Bruxelles, invoquant une possible violation de la réglementation européenne, alors que le maire de Salina (îles Eoliennes) Massimo Lo Schiavo demande à l’Unesco d’intervenir auprès du président du Conseil italien. Quant aux associations de protection de l’environnement, elles passent, elles aussi, à l’action, telle Greenpeace, qui a notamment fait appel aux comiques siciliens Ficarra et Picone :
Même des artistes londoniens s’y mettent, comme en témoignent les œuvres qu’ils publient sur la page Facebook d’Organica London.
Last but not least, la méthode du gouvernement italien pour imposer ces forages pétroliers est limite antidémocratique (voire fasciste?). En septembre dernier, en effet, le président du Conseil Matteo Renzi a fait passer le décret « Sblocca Italia » [littéralement, Débloque Italie], une série de mesures censées relancer la production et simplifier la bureaucratie à l’échelle nationale, mais qui, ce faisant, court-circuite les rouages décisionnaires de la Région sicilienne qui, rappelons-le, à l’instar de quatre autres régions italiennes, bénéficie d’un statut d’autonomie spécial, conformément à la Constitution du pays. C’est sur ce caractère anticonstitutionnel de l’article 38 du décret Sblocca Italia que se battent actuellement les opposants au projet qui en réclament l’abrogation pure et simple. Le pire dans tout ça, c’est qu’il existe de sérieux doutes quant aux retombées économiques pour la Sicile de cette soi-disant manne pétrolière. Il y a de fortes chances, en effet, que les compagnies pétrolières (Schlumberger en tête) se partagent le gâteau avec l’État italien, qui n’en redistribuerait que quelques miettes à la Sicile. Sans même parler du danger réel que représentent ces forages dans une région à haut risque sismique et dont les eaux sont truffées de volcans sous-marins. On ne sait que trop, malheureusement, après Fukushima, Deepwater Horizon, Tchernobyl ou autres, combien les allégations de sécurité reposent sur du vent lorsqu’un grain de sable vient accidentellement enrayer la machine.
Alors, de grâce, ne laissons pas la Sicile entre les mains des compagnies pétrolières sans scrupule, des avides et des corrompus. Réagissons tant il en est encore temps pour préserver les beautés uniques de cette île de la Méditerranée, notre patrimoine naturel à tous. La Sicile a besoin de vous. Per favore, signez la pétition et faites circuler l’info!
En savoir plus
Signer la pétition contre les nouveaux forages pétroliers en Sicile
Lire le communiqué de presse de Legambiente Sicilia (en italien)
Lire un excellent article de Repubblica Palermo sur les enjeux économiques des forages pétroliers en Sicile (en italien)
Lire le témoignage du directeur de campagne de Greenpeace Italia sur « la stratégie des foreuses »
Le blog du Comité No triv et sa page Facebook
La page Facebook du collectif d’artistes londoniens contre les forages en Sicile
Il testo in italiano
L’ora è grave! Il governatore della Sicilia, Rosario Crocetta, sta per approvare una serie di importanti trivellazioni petrolifere in terra e in mare. Non lasciare commettere quello scempio, firma la petizione e condividi l’info!
Purtroppo, non è la prima volta che ne parlo su questo blog. Già nel 2007, un progetto di trivellazioni nel Val di Noto, benché Patrimonio dell’umanità dell’Unesco, era stato respinto in extremis, grazie anche a un vasto movimento di protesta iniziato dallo scrittore Andrea Camillleri, padre del commissario Montalbano, e ripreso dalla stampa internazionale.
Questa volta, la situazione è molto più preoccupante poiché il governo italiano, con l’avallo delle autorità siciliane, sta per accordare nuovi permessi di ricerca e coltivazione di giacimenti di idrocarburi in Sicilia : 46 in mare e 33 in terra, come lo mostra la mappa qui sopra pubblicata su Repubblica Palermo.
Questa decisione incomprensibile non è solo una aberrazione in questi tempi di riscaldamento globale e stato disastroso nel quale versa il pianeta, mentre il mondo intero (persino la Cina!) ammette che urge adottare un modello di produzione energetico più rispettoso dell’ambiente, privilegiando energie rinnovabili. Tale decisione è anche totalmente contro-produttiva perché quelle trivellazioni, oltre il loro impatto ecologico, rappresentano una grave minaccia per il futuro del turismo nell’isola, la sua principale risorsa economica, « il vero oro nero della Sicilia » come lo precisa Domenico Fontana, presidente di Legambiente Sicilia. Infatti, se il governatore e compagnia bella s’immaginano che i turisti continueranno ad affluire per distendersi su spiagge lorde di petrolio, avvelenarsi respirando un’aria viziata e sopratutto piangere di disperazione e rabbia davanti a paesaggi rovinati da oscene trivelle e piattaforme petrolifere, allora non hanno capito proprio nulla all’abc del turismo. Almeno che se ne freghino altamente e preferiscano favoreggiare gli interessi delle grandi compagnie petrolifere, a danno della salute dei concittadini e della sicurezza ambientale del territorio ?
Intanto, l’opposizione No Triv si mobilita. Il deputato siciliano Fabrizio Ferrandelli si posiziona contro il proprio partito e lancia una petizione online, mentre il sindaco di Palermo Leoluca Orlando, che considera le trivellazioni come « un assurdo atto di vandalismo che danneggia lo sviluppo sostenibile della nostra Isola », convoca un presidio il 19 dicembre davanti al Palazzo d’Orléans, sede della presidenza della Regione, con altri sindaci siciliani e Legambiente. I deputati del Movimento 5 Stelle minacciano di adire le autorità di Bruxelles, invocando una possibile violazione della normativa europea, mentre il sindaco di Salina (nelle Eolie) Massimo Lo Schiavo chiede l’intervento dell’Unesco presso il presidente del Consiglio italiano. Inoltre, le associazioni ambientalisti lanciano azioni, come quelle di Greenpeace, che ha anche coinvolto i comici Ficarra e Picone. Persino artisti londinesi partecipano, pubblicando opere sulla pagina Facebook di Organica London.
Last but not least, il metodo del governo italiano per imporre quelle trivellezioni petrolifere ha un sapore decisamente antidemocratico (persino fascista?). Lo scorso Settembre, infatti, il presidente del Consiglio Matteo Renzi ha fatto passare il decreto-leggge « Sblocca Italia », una serie di provedimenti presubilmente per rilanciare la produzione e simplificare la burocrazia a livello nazionale, ma che, invece, scavalca i poteri decisionali della Regione siciliana che, ricordiamolo, come altre quattro regioni italiane, gode di uno statuto speciale di autonomia, conformemente alla Costituzione del Paese. È su questo carattere anticostituzionale dell’articolo 38 del decreto Sblocca Italia che lottano attualmente gli opponenti al progetto, richiedendone l’abrogazione. Il peggio in tutto ciò è che esistono seri dubbi sui presunti benefici economici per la Sicilia di questa sedicente manna petrolifera. Infatti, con molte probabilità, le compagnie petroliferi (Schlumberger in testa) si divideranno la torta con la Stato italiano, che lascerà soltanto briciole alla Sicilia. Per non parlare poi del pericolo reale che rappresentano queste trivellazioni in una regione ad alto rischio sismico e cui il fondo marino è costellato di vulcani sottomarini. Purtroppo, dopo Fukushima, Deepwater Horizon, Chernobyl o altri, si sa fin troppo bene quanto le affermazioni di sicurezza non significano più nulla quando un granello di sabbia viene accidentalmente inceppare la macchina.
Allora, di grazia, non lasciare la Sicilia fra le mani delle compagnie petrolifere senza scrupolo, degli avidi e dei corrotti. Reagisci mentre è ancora possibile per preservare le bellezze uniche di questa isola del Mediterraneo, il nostro patrimonio a tutti. La Sicilia ha bisogno di te. Per favore, firma la petizione e condividi l’info!