Giardini-Naxos pleine de surprises

Située au pied de Taormine, à mi-chemin entre Messine et Catane, cette petite localité balnéaire a été la toute première colonie grecque fondée en Sicile il y a 2750 ans. Malgré un littoral méchamment bétonné, certains habitants multiplient les initiatives pour redonner à la ville un visage plus esthétique et respectueux de l’environnement.

IMG_5393_web
Le petit port de Giardini-Naxos ©Régine Cavallaro

Bien qu’elle s’en défende, Caterina est une figure capitale pour la sauvegarde et la promotion de Giardini-Naxos. Non contente de diriger l’antenne locale de Legambiente, la principale – et plus active – organisation de défense de l’environnement en Italie, cette Giardinese qui a longtemps vécu à Florence préside aussi au bon fonctionnement de l’hôtel familial Palladio, à deux pas de la plage. Partenaire du Festival international d’interventions urbaines Emergence, elle accueille chaque année, dans les dix-neuf chambres de son établissement, les street artists venus de toute l’Europe. Avec gentillesse et générosité, cette esthète, elle-même fille d’artiste peintre, veille au bon déroulement du festival, fournissant le logis et le couvert (et quel couvert!) aux invités de la manifestation. Chaque soir, pendant toute la durée des festivités, Clara, Agata, Elisa, Elvira et Fiorella, les bonnes fées de la cuisine et du restaurant installé sur la terrasse panoramique de l’hôtel, régalent les convives de plats traditionnels siciliens, préparés à partir de produits bio et ultra locaux.

IMG_5729_web
L’hôtel Palladio côté plage ©Régine Cavallaro
IMG_5722_web
L’hôtel Palladio côté place ©Régine Cavallaro
IMG_5988_web
La terrasse restaurant de l’hôtel Palladio ©Régine Cavallaro

C’est parce qu’elle aime sa ville, au riche passé et au patrimoine naturel tout aussi fécond que Caterina milite au sein de Legambiente. Avec l’association écologique, elle a notamment fait replanter plusieurs arbres agrumes dans le superbe Parc archéologique de Naxos. Outre le musée, petit mais bien pourvu, le parc s’étend sur une quarantaine d’hectares, sur les vestiges de la première colonie grecque de Sicile fondée en 734 av. J.-C. par des colons en provenance de Chalcis sur l’île d’Eubée et de Naxos dans l’archipel des Cyclades, comme le rapportent Thucydide et Hellanicos de Mytilène. Quelques années plus tard, ces mêmes colons fondèrent Katane (Catane) et Leontinoi (Lentini). « C’est l’un des parcs archéologiques les plus importants d’Italie. Des chercheurs viennent des universités de Harvard et Cambridge y mener des campagnes de fouilles », raconte Caterina. Mais au-delà de sa haute valeur historique, le parc est avant tout un lieu splendide, doté d’une paix profonde et d’une grande poésie, avec ses murs de pierre et ses vestiges sertis dans une végétation méditerranéenne luxuriante.

IMG_5338_web
Le musée archéologique de Giardini Naxos ©Régine Cavallaro
IMG_5375_web
Dans le parc archéologique de Naxos ©Régine Cavallaro

Ce havre de paix est pourtant menacé. Les marchands de béton qui ont déjà massacré le littoral souhaiteraient agrandir le port pour y aménager un centre commercial sur deux étages. Heureusement, la présidente de l’antenne locale de Legambiente veille au grain et a fait reculer le projet, en invoquant notamment l’article 9 de la Constitution italienne qui « protège le paysage et le patrimoine historique et artistique de la Nation ». Il faut dire que la baie de Taormine est une destination très prisée des voyageurs depuis le XVIIIe siècle, une étape obligée du Grand Tour, qui a charmé bien des écrivains, poètes et artistes, à commencer par Goethe, D.H. Lawrence et Maupassant. Avec son théâtre antique, ses jardins, sa vue sur la mer Ionienne et l’Etna tout proche, Taormine, aussi surnommée le « Saint Tropez sicilien » dans certains guides touristiques, a longtemps formé avec Giardini-Naxos une seule et même commune. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi les deux villes partagent la même gare (bellissima!). Caterina, toujours de bons conseils, organise pour les clients de son hôtel des excursions dans les environs et notamment sur l’Etna, en compagnie de guides  naturalistes certifiés (et très sympas!) de l’Association Truvatura.

IMG_5955_web
En excursion sur l’Etna ©Régine Cavallaro
IMG_5960_web
Sur les pentes de l’Etna ©Régine Cavallaro
IMG_6013_web
La gare de Taormina – Giardini Naxos ©Régine Cavallaro

Depuis 2012, deux autres Giardinesi, Giuseppe Stagnitta et le génial Turi Scandurra (voir L’histoire de la Sicile en 100 secondes) tentent de redorer les façades de Giardini-Naxos en invitant des artistes urbains internationaux à intervenir sur ses murs, à travers le festival Emergence. Cette année, l’Europe du sud était à l’honneur. Parmi les streets artists présents à cette quatrième édition qui s’est déroulée du 19 au 26 octobre 2015, figuraient en effet GoddoG (France), Blaqk (Grèce) accompagné du photographe Dimitri Vasiliou, Lucamaleonte et Vlady (Italie) ainsi que les frères Amedeo et Antonio Forlin, artistes céramistes locaux, tandis que l’artiste roumain Geo Florenti installait un réverbère inspiré du concept d’art nécessaire, ingénieux système d’éclairage sans consommation électrique. Une édition particulièrement créative et surtout riche en émotion, puisque venue couvrir le festival, j’ai été promue assistante de l’artiste français et me suis retrouvée à quinze mètres au-dessus du sol en train de piloter une grue !

IMG_5705_web
L’artiste français GoddoG et son « assistante » (bibi!) ©Régine Cavallaro
IMG_5821_web
Les artistes grecs Blaqk ©Régine Cavallaro
IMG_5779_web
Le mur de Lucamaleonte ©Régine Cavallaro
IMG_5739_web
L’artiste italien Vlady ©Régine Cavallaro
IMG_5755_web
Le mur de céramiques des frères Forlin ©Régine Cavallaro
lampione-5
Le réverbère de Geo Florenti ©DR
Quelques liens pour en savoir plus

L’hôtel Palladio de Caterina
L’antenne locale de Legambiente
Le Parc archéologique de Naxos
L’association Etna Truvatura
Le Festival Emergence
Goddog
Blaqk
Dimitris Vasiliou
Lucamaleonte
Vlady
Amedeo e Antonio Forlin
Geo Florenti

Il testo in italiano

Situata ai piedi di Taormina, a metà strada tra  Messina e Catania, la piccola località balneare è stata la prima colonia greca fondata in Sicilia 2750 anni fa. Malgrado un littorale fortemente cementificato, alcuni abitanti moltiplicano le iniziative per ridare alla città un volto più estetico e rispettoso dell’ambiente.

Anche se non lo vuole ammettere, Caterina è una figura fondamentale per la salvaguardia e la promozione di Giardini-Naxos. Non contenta di dirigere il circolo locale di Legambiente, la principale – e più attiva – organizzazione di difesa dell’ambiente in Italia, questa Giardinese vissuta a lungo a Firenze gestisce anche l’albergo di famiglia Palladio, a due passi dalla spiaggia. Partner del Festival internazionale di interventi urbani Emergence, ospita ogni anno, nelle dicianove camere del suo stabilimento, gli street artists venuti da tutta l’Europa. Con gentilezza e generosità, questa esteta, ella stessa figlia di una pittrice, veglia sul festival, offrendo il vitto e l’alloggio agli invitati della manifestazione. Ogni sera, per tutta la durata dei festeggiamenti, Clara, Agata, Elisa, Elvira e Fiorella, le buone fate della cucina e del ristorante situato sulla terrazza panoramica dell’albergo, fanno la gioia dei commensali coi piatti tipici siciliani, preparati con prodotti bio e a chilometro zero.

Proprio perché ama la sua città, dal ricco passato e dal patrimonio naturale altrettanto fecondo, Caterina milita in Legambiente. Con l’associazione ecologica, ha fatto, tra l’altro, impiantare alberi di agrumi nello splendido Parco archeologico di Naxos. Oltre al museo, piccolo ma ben fornito, il parco si estende su una quarantina di ettari, sulle vestigia della prima colonia greca di Sicilia fondata nel 734 a.C. da coloni provenienti da Calcide sull’isola d’Eubea e da Naxos nell’arcipelago delle Cicladi, come lo riferiscono Tucidide e Ellanico. Qualche anno dopo, quegli stessi coloni fondarono Katane (Catania) e Leontinoi (Lentini). « È uno dei parchi archeologici più importanti d’Italia. Ricercatori vengono dalle università di Harvard e Cambridge per svolgere campagne di scavi », racconta Caterina. Ma al di là del suo alto valore  storico, il parco è inanzitutto un luogo stupendo, immerso in una pace profonda e di grande poesia, con le sue mura di pietra e le sue rovine incastonate in una vegetazione mediterranea lussureggiante.

Eppure questa oasi di pace è minacciata. I venditori di cemento che hanno già massacrato il littorale vorrebbero adesso ampliare il porto e costruirci un centro commerciale su due piani. Fortunatamente, la presidente del circolo locale di Legambiente vigila ed è riuscita a ostacolare il progetto, invocando l’articolo 9 della Costituzione italiana che « tutela il paesaggio e il patrimonio storico e artistitico della Nazione ». Vero è che la baia di Taormina è una destinazione molto ambita dai viaggiatori sin dal ‘700, una tappa obbligata del Grand Tour, che ha affascinato tanti scrittori, poeti e artisti, a cominciare da Goethe, D.H. Lawrence e Guy de Maupassant. Con il suo teatro antico, i suoi giardini, la vista sul mar Ionio e sull’Etna vicinissimo, Taormina, detta anche la « Saint Tropez siciliana » in alcune guide turistiche, ha per molto tempo formato con Giardini-Naxos un solo e unico comune. Ciò spiega d’altronde perché le due città condividono la stessa stazione (bellissima!). Caterina, sempre di buon consiglio, organizza per i clienti dell’albergo escursioni nei dintorni e specialmente sull’Etna, in compagnia di guide naturalistiche (e molto simpatiche!) con tesserino AIGAE  dell’Associazione Etna Truvatura.

Dal 2012, due altri Giardinesi, Giuseppe Stagnitta e il geniale Turi Scandurra (vedi La Storia della Sicilia in 100 secondi) tentano di abbellire le facciate di Giardini-Naxos invitando artisti urbani internazionali ad intervenire sui muri, attraverso il festival Emergence. Quest’anno, l’Europa del sud era in primo piano. Tra gli street artists presenti a questa quarta edizione svoltasi dal 19 al 26 ottobre 2015, figuravano infatti  GoddoG (Francia), Blaqk (Grecia) accompagnati dal fotografo Dimitri Vasiliou, Lucamaleonte e Vlady (Italia) nonché i fratelli  Amedeo e Antonio Forlin, artisti ceramisti locali, mentre l’artista rumeno Geo Florenti installava un lampione ispirato al concetto di arte necessario, ingenioso sistema di illuminazione senza consumo elettrico. L’edizione fu particolarmente creativa e soprattutto ricca di emozioni, poiché venuta per coprire il festival, sono stata promossa assistente dell’artista Francese e mi sono ritrovata a quindici metri di altezza a pilotare la gru !

Laisser un commentaire